Dr Byron-Cox, quelle est votre principale responsabilité au sein de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) ?
En tant que chef du Bureau du développement des capacités et des innovations (CDIO), je coordonne les activités du Secrétariat destinées à permettre aux États membres, aux organisations de la société civile, aux particuliers et au grand public de prendre des mesures pratiques, notamment l'organisation de formations, l'échange d'expériences, le partage des connaissances, le développement des compétences et de l'expertise, tant au niveau institutionnel qu'au niveau individuel, autant d'éléments qui contribuent à la mise en œuvre efficace de la Convention. Deuxièmement, je suis chargé de diriger les efforts du Secrétariat pour garantir que nous restons innovants et créatifs dans notre approche du processus de mise en œuvre.
Sur quels sujets travaillez-vous actuellement ?
De par sa nature même et le rôle qu'il est appelé à jouer, mon bureau travaille sur une multitude de questions en même temps. Toutes ces activités sont tout aussi importantes les unes que les autres. Actuellement, nous mettons par exemple en œuvre plusieurs projets novateurs et passionnants, notamment :
- Les femmes et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification au fil des années. Nous soulignons ici le rôle des femmes du monde entier dans la protection des terres bio-productives vitales de la planète.
- Les enfants et la UNCCD. Nous visitons des écoles primaires dans le monde entier pour leur expliquer l'importance des terres bio-productives dans leur vie quotidienne.
- Un projet visant à renforcer les capacités des organisations communautaires à jouer leur rôle dans le processus de mise en œuvre.
Comment en êtes-vous venu à enseigner dans les programmes de Master du CIFE ?
Le directeur général du CIFE et le directeur des programmes GEGPA et EUDIPLO se sont adressés au Secrétariat pour demander notre soutien dans la conception et le développement de leur module d'enseignement traitant de l'élaboration des politiques au niveau mondial, y compris le rôle des Nations Unies dans ce domaine. En tant que chef du CDIO, j'ai été chargé de travailler avec eux. Nous avons ainsi développé un programme sur l'élaboration des politiques au niveau international axé sur les questions de gestion durable des terres et le rôle de la UNCCD dans la réalisation du développement durable et de l'Agenda 2030 dans son ensemble. En tant qu'enseignant universitaire dans cette matière et autres, j'ai été invité par le CIFE à enseigner cette discipline.
Qu'est-ce qui vous passionne le plus dans l'enseignement supérieur ?
Oh, tout me passionne. Vraiment tout ! J'aime rencontrer les étudiants de différents pays et écouter leurs idées. J'aime avoir l'honneur et le privilège d'aider ces jeunes à devenir des professionnels. J'aime que beaucoup d'entre eux remettent en question mes idées sur certains sujets. Et j'aime le fait qu'il s'agisse vraiment pour moi d'un processus d'apprentissage. Je ne me contente pas d'enseigner. Et puis, nous avons ces exercices de simulation où les étudiants deviennent des négociateurs, c'est-à-dire des décideurs politiques au niveau international, ce qui leur permet de se faire une idée de ce qui se passe réellement dans cet espace. C'est tout simplement fantastique !
Lors d'une simulation de négociation à l'ONU, quelles sont les principales leçons que vous souhaitez transmettre aux étudiants ? Quelles compétences devraient-ils acquérir ?
Il y a de nombreuses leçons qu'ils devraient apprendre, par exemple :
- Les relations sont impossibles sans faire des compromis.
- Le compromis n'est pas une faiblesse, mais la grâce intérieure de la raison.
- La planète est une, nous avons tous intérêt à ce qu'elle se porte mieux et nous devons travailler ensemble pour y parvenir. Les défis globaux exigent des réponses et des solutions globales.
- Ce sont eux les futurs dirigeants et ils doivent comprendre que leur première responsabilité est de savoir contribuer à trouver un terrain d'entente avec d'autres dirigeants pour la défense d'intérêts communs.
Dans les négociations pratiques, il y a énormément de choses qui sont utiles. Toutefois, il est important d'apprendre l'art de faire les compromis nécessaires, comment être persuasif, voir la question du point de vue du négociateur de l'autre côté, se munir de plusieurs positions de repli, ne jamais considérer les autres comme des adversaires ou des ennemis, mais plutôt comme des collègues ayant des points de vue différents, qui non seulement peuvent être conciliés, mais qui doivent l'être dans l'intérêt de tous. Ils doivent être déterminés à jouer un rôle constructif dans la réconciliation des points de vue et la recherche d'un consensus.
Quel est le concept « Une seule santé » (One Health) que vous avez présenté aux étudiants du EUDIPLO pendant votre cours ? Quels défis voyez-vous à la mise en œuvre de ce concept dans les accords et stratégies de l'ONU ?
En termes simples, « One Health » est un concept qui reconnaît que la santé optimale de tous les êtres vivants est liée. En d'autres termes, la santé des personnes, des animaux, des plantes et de l'écosystème dont ils dépendent tous est intimement, totalement et indissociablement liée. Nous devons comprendre et aborder cette question si nous voulons faire face à l'augmentation constante des zoonoses et à d'autres problèmes qui menacent la santé à l'échelle mondiale.
Il n'est souvent pas facile de faire accepter de nouvelles pensées et de nouvelles idées. C'est généralement encore plus difficile en termes d'accord au niveau international. Je pense toutefois que la réalité objective de l'augmentation des zoonoses, de la pandémie mondiale du COVID-19 et de la vitesse à laquelle ces maladies engendrent de nouvelles variantes, imposera aux dirigeants mondiaux de parvenir à une forme d'accord sur cette question si l'on veut que la communauté mondiale soit protégée à l'avenir.
Quel est, selon vous, le rôle des établissements d'enseignement supérieur dans la préparation des futurs professionnels dans le domaine des relations internationales et de l'élaboration des politiques ?
Dans un monde aussi globalisé que le nôtre, où des cultures et des histoires différentes se côtoient si étroitement, où la menace d'une guerre nucléaire plane toujours sur l'humanité, où nous sommes confrontés à un possible effondrement de l'écosystème mondial et où le changement climatique fait rage, il est impératif que les nouveaux diplomates et décideurs politiques mondiaux soient informés de ces réalités de manière approfondie. C'est dans les établissements d'enseignement supérieur qu'ils peuvent acquérir cette conscience, en exigeant qu'ils réfléchissent, conçoivent et soient déterminés à agir en concertation avec d'autres dans l'intérêt de la protection de notre maison et patrimoine communs - notre planète.
* Richard Byron-Cox*
Dr Richard Byron-Cox est chef du bureau du développement des capacités et des innovations au secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). Il est titulaire d'un doctorat en droit international public et est un diplomate expérimenté ainsi que spécialiste des relations internationales et linguiste. En tant qu'écrivain et essayiste, Richard Byron-Cox aborde des sujets allant du droit international au développement durable et à la politique environnementale au niveau mondial.